Matthias Lothy, Don’t Drop The Bass !

Découvrez le portrait de Matthias Lothy, graphiste, concepteur de leurre pour Ernesto Tackle et fondateur de Don’t Drop The Bass. Matthias nous dévoile son parcours, son projet, sa vision de la pêche et au-delà son amour pour la nature.

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Bonjour Matthias. Pour celles et ceux qui ne te connaissent pas encore, pourrais-tu te présenter ?

Bonjour tout le monde je m’appel Matthias LOTHY, j’ai 36 ans et je suis né en Allemagne. J’ai grandi une partie de mon enfance dans le Var puis Strasbourg avant d’arriver à Bordeaux il y a déjà 13 ans.

Je suis Plasticien/Photographe de profession et passionné par les voyages, la nature, les humains, l’eau et bien entendu tout ce qui vie autour et dedans.

Ma pratique est à mon image. Je fais plein de choses différentes mais je dirai que l’eau et les poissons sont une sorte de fil conducteur.

Pour ceux que ça intéresse voici quelques liens vous montrant ma pratique artistique : www.matthiaslothy.com

Pour en revenir à la pêche, j’ai été vendeur en magasin de pêche, guide de pêche, pigiste pour la revue Predator, graphiste, concepteur de leurre pour ernesto tackle. Je fabrique aussi et design les vêtements pour de nombreuses marques de pêche tel que Navicom en France depuis 10 ans. Vous avez donc forcément porté mes vêtements sans le savoir 😉

J’ai collaboré avec des nombreuses marques comme luckycraft, lowrance, import pêche et enfin Navicom et Hpa qui me sont restées fidèles depuis toujours. L’occasion pour moi de les remercier au passage. Après un petit break, j’ai rejoint l’équipe Abu garcia/ berkley l’année dernière. J’y ai repris le chemin des compétitions européennes avec mon ami Arnaud Rizzi.

La passion pour la pêche ne m’est pas venue en fait. Je pêche depuis que je sais marcher. Mon père devait s’esquiver pour pouvoir partir tranquille au bord de l’eau avec mon frangin.

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Je savais qu’il ne me réveillerait pas. Alors dès que les premières lueurs du jour se faisaient sentir, j’attendais patiemment pendant des heures en essayant de ne pas m’endormir à l’affut du moindre bruit pour pouvoir me joindre à eux.

Je pense que chez moi c’est viscérale. La pêche n’est qu’un moyen. Depuis tout petit je suis dans la nature. J’ai besoin de comprendre, de découvrir, d’attraper.

Je parle aux arbres, aux animaux, je m’y sens à ma place. C’est naturel.

Tu me diras dans ce cas pourquoi avoir le besoin de les attraper ? Comme pour encore beaucoup de gens, je n’en sais rien, c’est instinctif. Certains ont ce truc et d’autres pas.

Tu l’auras bien compris je pêche depuis plus de 30 ans partout et tous les poissons existant. Peu importe la technique. J’ai beaucoup pêché en Allemagne aussi. J’y passais toute mes vacances à pêcher la truite en rivière mais aussi et surtout la nuit le sandre et l’anguille.

Il y a 20 ans, j’ai laissé tomber un peu toutes les autres techniques pour ne pêcher qu’aux leurres et à la mouche. Pêche qui selon moi n’est qu’une technique de pêche aux leurres comme les autres.

Aujourd’hui, la pêche est un moyen pour toi de …

Honnêtement je ne vois plus la pêche comme avant. Je n’ai plus besoin d’aller à la pêche pour m’évader, même si j’ai toujours un tube avec une canne à mouche dans  mon sac en voyage. J’ai appris à apprécier sans avoir à capturer. Et je dois dire que mon appareil photos est un peu ma drogue de substitution, j’attrape des images 😉 Mais l’instinct est un peu le même parfois.

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La pêche a été pendant longtemps une forme de méditation active. Une façon d’occuper suffisamment mon esprit et mon corps pour pouvoir m’évader, soit en rêve, soit en me mettant directement dans la tête des poissons. Aujourd’hui, un tas d’autres disciplines me permettent de le faire comme la photo, le dessin, la slackline, l’escalade …

Ceci dit, même si la pêche n’est plus une drogue dure pour moi, quand je vais à la pêche, j’y vais pas pour trier des melons. Quand je vais pêcher, c’est pour faire du poisson et c’est bien pour ça d’ailleurs que j’y vais moins.

Quelles sont les techniques de pêche que tu pratiques au bord de l’eau ?

Comme je te l’ai dit je ne pêche plus qu’aux leurres. Mais tu vois, même à la voile avec mon pote erwann dureau, on a toujours une ligne à la traine qui pêche derrière le bateau.

J’aime encore et toujours pêcher à la mouche quand je le peux. Mais souvent avec une approche différentes des « moucheurs » classiques puisque je ne me mets aucune barrières (comme aux leurres). Tu me verras d’ailleurs rarement pêcher la truite 😉

Quelle est ta pêche de prédilection ?

Je n’en ai pas mais bien entendu je préfère voir les poissons, donc pêcher à vue. Le swimbait et le top water sont les pêches qui me font le plus vibrer. Je dirai qu’il n’y que la pêche en verticale qui m’emmerde réellement. Et pourtant, j’en ai passé des heures la tête dans le sondeur à jouer à ce jeux de patience.

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Aurais-tu également un poisson préféré ?

C’est à ce moment que casse ta transition. Si je devais n’en citer qu’un ça serai le bonefish. C’et le poisson que j’ai le moins pêché dans ma vie mais qui me fait rêver depuis tout petit et qui me hante encore et toujours. C’est un peu ma quête du grâle perso.

Sinon il me parait difficile de choisir. C’est ça qui est génial dans la pêche. C’est qu’il y’a des milliers d’espèces à attraper. Ceci dit, j’avoue que je fais une sacrée fixation sur le blackbass depuis très très longtemps. Et pourtant j’en ai attrapé …

Matthias Lothy

Tu es à l’origine de l’association « Don’t Drop The Bass ». Peux-tu nous en dire un peu plus sur ce projet et nous expliquer en quoi cela consiste ?

Don’t drop the bass est parti d’une demande de Thomas Caumartin qui m’a proposé plusieurs fois de faire une expo chez lui. J’avais, depuis un moment, envie de faire le lien entre ma pratique artistique et mon envie d’aider les milieux aquatiques et de reverser une partie de mes bénéfices pour aider, mais « aider qui, comment ? ».

J’ai appelé mon ami daniel mestrot dont j’adore le travail et je lui ai lancé l’idée. J’ai ensuite branché mon pote christophe hugues qui lui aussi est dans la région et c’était partie !!

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L’exposition à eux lieu à Villenave sur lot chez Maison Ferrage avec comme partenaire Black bass france. Nous avions mis trois œuvres aux enchères pour récolter des fonds. Partant de là, nous avons poursuivi nos actions pour continuer à récolter des fonds pour acheter du black bass et les remettre dans le milieu. L’année dernière mon sponsor a voulu participer en ajoutant à la cagnotte un chèque de 6000 euros !!!

Nous avons donc du structurer nos idées, nous organiser afin d’établir les actions que nous allions mener en faveur des populations de black bass tout en respectant le travail de chacun, comme les fédé, les AAPPMA, BASS France et Black Bass France.

Pourquoi avoir créé ce projet dédié au black-bass alors qu’il existe des AAPPMA ou encore des associations comme Black-Bass France ? Comment Don’t Drop The Bass se positionne par rapport à ces intervenants ?

On se rend bien compte que nous subissons de grands changements. Le climat principalement mais aussi la croissance démographique qui impactent de plus en plus les milieux aquatiques. Le black-bass, au-delà de ses qualités ludiques, est une espèce robuste, capable de mieux s’adapter à un environnement dégradé que certaines des espèces endémiques qui peuplent nos milieux.

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De plus, il nous fallait un « étendard » pour représenter au mieux les revendications et les envies d’une partie des pêcheurs aux leurres actuels et futurs.

Le black bass me semblait être l’illustration parfaite d’une pêche ludique, dynamique et accessible à tous et d’une gestion halieutique différente de ce qu’elle est actuellement.

Nous avons constaté, sans le vouloir qu’il manquait un rôle, un lien entre toutes les différentes entités dans la pêche en France.

  • Les associations comme black bass France qui conseillent depuis toujours et font la promotion du bass, mais qui ne financent pas les actions.
  • Les AAPPMA qui ont le droit d’empoissonner. Elles ont les finances mais souvent manquent d’envie de mener des actions et parfois le font mal par méconnaissance.
  • Les fédérations de pêche qui sont muettes, voir complètement déconnecté du terrain. Mais ellles ne le sont pas toutes, certaines sont totalement investi et ça fonctionne très bien.
  • Les industriels qui ont parfois l’envie, les moyens de s’investir mais n’ont pas envie de faire de la politique et n’ont pas le temps de piloter eux-mêmes les projets.
  • Les pêcheurs qui sont prêts à donner de leur temps et de leur argent pour des projets mais qui ne savent plus vers qui se tourner.
  • Enfin, la FNPF qui est complètement déconnectée de la réalité. Elle fait de la politique dans un pays où ce mot ne veut plus rien dire …

Tout ce petit monde ne se parle plus. Nous avons pu nous positionner entre tous car nous sommes totalement indépendants et désintéressés. De ce fait, nous pouvons véhiculer nos idées sans subir de pressions. Nous sommes des mécènes privés et de ce fait libres de toute pression.

Vente aux enchères

Notre rôle est principalement de lever des fonds et de les redistribuer pour financer des projets qui répondent aux critères des appels d’offres que nous lancerons.

Comment procèdes-tu pour récupérer les fonds nécessaires et par la suite pour introduire du black-bass ?

Nous vendons essentiellement nos œuvres sur la page sous formes d’enchères ponctuelles mais aussi sous forme de tirages d’art numérotés. Nous reversons l’intégralité des recettes dans la caisse de l’association. Certains artistes nous ont aussi rejoint pour proposer un coup de pouce. Il y aura certainement quelques guests supplémentaires cette année pour étoffer un peu l’offre.

Nous avons également reçu un appui de taille de la part d’ Abu garcia / Berkley pour le projet d’empoissonnement de Biscarosse. Cela nous a donné à réfléchir sur la possibilité de solliciter les industriels afin de participer à des campagnes d’empoissonnement précises en échange d’une communication en leur faveur comme nous l’avons fait sur la dernière campagne.

Pourrais-tu nous parler de tes plus grosses réussites avec Don’t drop the Bass depuis sa création ?

Notre plus grande réussite est collective puisque nous avons pu mener une belle campagne d’empoissonnement à Biscarosse. Elle venait faire suite à tout un travail qui avait été effectué en amont par BASS et les AAPPMA du lac.

Ce n’est pas anodins puisque pour une fois tous les acteurs ont conjointement participé à ce projet qui réunissait toutes les AAPPMA du lac, la fédération de pêche des Landes, Gastes nautic, Blackbassfrance, BASS, la pisciculture FAGET et un industriel de la pêche berkley/abu garcia.

Vente aux enchères

Ce projet n’a pas été simple à mettre en œuvre. Mais il nous semblait important de montrer une action COMMUNE qui réussit et qui implique les gestionnaires, les associations et des privés.

C’est une belle note d’espoir pour l’avenir et je l’espère un point de départ qui pourra servir d’exemple.

Aurais-tu des projets futurs avec « Don’t Drop The Bass » dont tu voudrais nous parler ?

Notre prochaine campagne d’empoissonnement est déjà prévue sur le lac de Mimizan l’automne prochain car nous n’avons pas pu la finaliser par manque de blackbass (un comble).

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Nous sommes actuellement en train de structurer « don’t drop the bass » afin de pouvoir mettre en place des appels à projets, avec une commission d’admission pour permettre à d’autres régions de bénéficier de fonds, d’accompagnement mais aussi pour nous permettre de solliciter les industriels afin qu’ils s’impliquent directement dans la préservation et le soutien des milieux.

Une anecdote de pêche à nous raconter lors de tes nombreuses sessions de pêche ?

Il y’en tellement Nico… La pêche ce n’est que des anecdotes. Et surtout quand t’es un peu chat noir comme moi rien ne se passe jamais comme prévu …

Mais je vais quand même te raconter d’une journée cauchemar en Papouasie ou je n’arrivais pas à ramener une carangue au bateau sans me la faire Sharker ! Bon, j’ai fini par ramener un gros requin qui c’était piqué en me volant ma carangue. Sauf que le bestiau était ENORME et pas moyen de m’en défaire …

Matthias Lothy

J’étais sur un petit bateau avec mon ex et un papou et là je dis au papou « il faut que tu m’aides sinon on y arrivera jamais ». Je drive tout le monde sur son rôle et je me dis que là quand même avec un Shark de 3m de long, va pas falloir déconner.

Le Shark fini par monter le long du boat. Je lance au capitaine « t’as compris ? Go chope la queue !!! ». Il se retourne, chope un gourdin de la mort et tente de sauter sur le Shark pour le fracasser alors que je venais tout juste de le ligner !!

Là, grand moment de solitude. Le gourdin s’abat sur la tête du Shark,. Moi j’ai le bas de ligne dans les mains et là c’est le drame !!! LE Shark pête un câble et manque de retourner le bateau. Bien sûr, à ce moment-là y’a plus personne. Le Shark met des grands coups de gueule dans la coque en fibre toute molle et fini par se décrocher…

Je suis sur le cul, tout pâle la ligne à la main. Je n’ai rien et là je vois le papou commencer à se taper un fou rire de l’espace !!! Moi j’avais envie de le tuer mais lui était content qu’on s’en soit sorti, un point c’est tout, heureux simplement…

Matthias Lothy

Un message à faire passer aux jeunes qui souhaiteraient découvrir le monde de la pêche et le black bass aujourd’hui ?

Je n’aurai qu’un message à leur faire passer, commencez par le commencement. Intéressez-vous à l’essentiel : la nature, les poissons, leur comportement, leur environnement. Il n’y a que comme ça que vous pourrez devenir bons et pérenniser votre passion. Ne vous perdez pas dans les réseaux, la technique. Passez du temps au bord de l’eau, amusez-vous, vivez la nature, chérissez là.

Matthias Lothy

Liens utiles pour en savoir plus sur Mathias Lothy et Don’t Drop The Bass :

Facebook de Don’t Drop the Bass

Site d’Abu Garcia

Débuter la pêche au leurre

Apprendre à pêcher avec un guide de pêche

Quelle canne à pêche choisir en fonction du leurre employé ?