Arnaud Rizzi Anderson, la passion, de la musique à la pêche

Découvrez l’interview d’Arnaud Rizzi Anderson, Pro staff Abu Garcia, Berkley et Navicom et grand compétiteur à travers l’Europe entière. Arnaud nous dévoile son parcours et sa double passion, pour la pêche bien entendu, mais aussi pour la musique.

Anraud Rizzi Anderson

Bonjour Arnaud, premièrement, pourrais-tu brièvement te présenter à nos lecteurs ?

Salut l’équipe de Rodmaps. Merci de me donner l’occasion de m’exprimer. Je m’appelle Arnaud Rizzi Anderson, j’ai 33 ans et j’habite Bordeaux. Je suis un pêcheur et un compétiteur aux leurres du Sud-Ouest de la France.

J’ai longtemps pêché les grands lacs de l’Ouest comme Carcans Hourtin ou Parentis, et aussi les rivières comme le Lot et l’Isle. Maintenant, je ne pêche pratiquement plus qu’à l’étranger.

Avec l’un de mes meilleurs potes, je tiens un magasin de musique sur Bordeaux et je suis guitariste dans un groupe de rock français qui s’appelle Nolens Volens. La musique est une grande partie de ma vie. J’ai commencé la guitare à l’âge de 5 ans, où j’ai intégré les classes préparatoires du conservatoire d’Antibes. Puis c’est au collège que j’ai commencé à m’intéresser à la guitare électrique et au rock. Des milliers de répétitions, des centaines de concerts plus tard, je suis toujours aussi accro. J’ai énormément travaillé pour avoir mon propre son de guitare, que je met au service de mon groupe. Je ne pourrais pas vivre sans la musique.

Tout au long de ma vie de pêcheur, j’ai participé à des compétitions. Que ce soit sur le Défi Prédators ou, depuis quelques années, en Hollande et en Espagne.
Je suis sponsorisé par les sociétés Abu Garcia, Berkley et Navicom. De plus, je suis membre de l’association Black Bass France depuis de nombreuses années.
J’intervenais souvent dans l’excellent magazine Predators.

D’où t’es venue cette passion pour la pêche ?

Et bien tout comme Alban, personne de ma famille ne pêche. Quand j’étais petit, j’habitais sur la Côte d’Azur, et je demandais à mes parents de m’amener au bord de l’eau.

Je me souviens de ma première canne à pêche que nous avions fabriquée avec mon père. Un simple morceau de bambou avec un fil, un bouchon et un hameçon. Dans mes souvenirs, j’attrapais des petits sars et des petites daurades à l’aide d’un mélange de pain de mie et de kiri.
La maman d’une de mes amies de l’époque avait un bateau. Elles m’invitaient régulièrement pour des sessions en mer. J’ai pu capturer mes premières girelles et mes premiers maquereaux.

Arnaud Rizzi Anderson Jeune

Puis en grandissant, je me suis intéressé à la pêche aux leurres.
Depuis mon arrivée sur Bordeaux à l’âge de 13 ans, je pêche principalement le black-bass. C’est après une rencontre avec Patrick Lamarque que tout a démarré. C’est lui qui m’a présenté au milieu des pêcheurs bordelais. Je m’en souviens comme si c’était hier.

A l’époque, je pêchais au bord d’un petit lac abondamment chargé en herbe. Je m’accrochais beaucoup et j’avais du mal à correctement pêcher. Puis j’ai vu un mec vêtu d’une belle chemise avec quelques logos, une canne à pêche bizarre dont le moulinet était au-dessus (à l’époque, je n’avais pas la moindre idée de ce qu’était un ensemble casting)… Il lançait un leurre souple dans l’herbe sans s’accrocher et attrapait poisson sur poisson. (Il me semble que c’était un senko de chez Gary Yamamoto ou un Slug). On a entamé la discussion et il m’a proposé gentiment de me donner un de ses leurres et de m’expliquer comment l’utiliser, à la condition de relâcher les poissons que j’allais attraper. C’est là que tout a démarré.

J’ai été guidé par de grands noms de la pêche en France comme Lionel Grou, David Dubreuil, Ryusuke Hayashi, Tanguy Marlin et Sylvain Legendre. Ils m’ont tous beaucoup appris et ont été très généreux avec moi. Vu mon jeune âge, il était difficile d’avoir les finances pour acheter du matériel qui à l’époque se faisait rare dans les magasins. On commençait à voir quelques leurres souples à bass, quelques hardbaits…

Je me souviens d’avoir harcelé David et Lionel tous les week-ends pour aller à la pêche… les pauvres ! J’ai vraiment eu de la chance de grandir avec eux.
Tanguy, David et Greg Steff voulaient se mettre en collocation. J’ai tout fait pour leurs trouver une maison à louer proche de chez moi. Et ce fut le cas. C’était une belle période.

Avec le temps, je me suis intéressé au brochet, puis aux autres espèces de carnassier. Ma rencontre avec Sylvain Legendre a été très importante pour moi. Il m’a appris à pêcher le brochet avec des Shads sur les grands lacs alpins. Cette technique n’était pas aussi connue que maintenant. D’ailleurs, Sylvain était presque seul à pêcher sur ces lacs, et je profitais de mes vacances chez ma grand-mère, en Haute-Savoie, pour pêcher et apprendre avec lui.

Tous les étés, je partais en stage intensif de pêche au bass, avec Ryusuke Hayashi sur le Lot. Il m’a beaucoup appris et a eu beaucoup de patience. C’était incroyable de l’avoir comme prof. On peut dire que j’ai été bien entouré.

Quelles sont les techniques de pêche que tu pratiques au bord de l’eau ?

Je pêche uniquement aux leurres.
A vrai dire, je tente de m’adapter un maximum à ma destination de pêche et aux espèces présentes. J’essaie de mettre en pratique ce que j’ai appris et j’observe un maximum les zones que je vais pêcher ainsi que mes sondeurs en navigation si je suis à bord d’un bateau.

J’adore pêcher le brochet en linéaire avec des shads, sur des spots bien définis ou en pélagique. D’ailleurs, la tendance actuelle est de pêcher aux shads, et malheureusement je pense qu’on en oublie les hardbaits. Une belle erreur à mon sens.

Ce que je préfère c’est pêcher le bass. Il y a tellement de manières et techniques différentes pour l’attraper que ça en fait poisson excessivement intéressant.

Quelle est ta pêche de prédilection ?

Comme je te l’ai dit dans la question précédente, ma pêche de prédilection est celle du black-bass, sans hésitations. Depuis mon adolescence, ce poisson me passionne. J’ai eu la chance de connaître l’âge d’or de la pêche du bass en Gironde. Dans chaque trou d’eau, il y en avait.

J’ai en mémoire de nombreuses sessions de pêche avec mon ami Bastien Nicolay (qui vient de remporter la Soner Euro Cup). A l’époque on prenait nos vélos ou, dès que j’ai eu le permis, ma twingo rouge et armés de nos float-tubes, on traversait le département pour capturer ces diables verts. C’était fun !

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Ça fait un peu vieux con de dire ça, mais c’était le bon temps !
D’ailleurs, nous racontions nos aventures dans le blog de la Bass Ac’. Une bien belle équipe de potes qui était composée de Fil, Sylvain, Mick, Max, Jérôme et de toi Nico.

A l’heure actuelle le bass me passionne toujours autant, j’en ai pour preuve mes nombreux voyages avec mon pote de toujours, Matthias Lothy, en Espagne ou ailleurs.

Peux-tu nous raconter ton parcours ?

Grace à Ryu et Tanguy, j’ai intégré le Team Lucky Craft à l’âge de 14 ans.
10 ans plus tard, j’ai intégré l’excellent team Biwaa où j’ai passé deux belles années.
Puis, j’ai rejoint le team Abu Garcia et Berkley en 2015.
J’ai aussi la chance de compter sur le sponsoring de Navicom depuis de nombreuses années.

Arnaud Rizzi Anderson

Avec Matthias, nous avons fait pas mal de compétitions, en France ou à l’étranger, et remporté quelques-unes d’entre elles.

France :

  • 2009 : 1ère Place Défi Ouest Predators Manche de Cazaux

  • 2009 : 1ère Place Défi Ouest Predators Manche de Hourtin

  • 2009 : 1ère Place Défi Predators Ouest saison 2008/2009

  • 2014 1ère Place Open AHGL

  • 2015 : 1ère Place Défi Predators manche de Lacanau

  • 2015 1ère Place finale nationale Défi Predators

  • 2016 : 3ème place Defi Predators manche de Cazaux

  • 2017 : 2ème place Defi Predators manche de Cazaux + Big Fish
  • A l’étranger :
    2ème place à la Soner Euro Cup 2019

    Tu es un compétiteur de pêche depuis de nombreuses années en France et à l’étranger, peux-tu nous expliquer ce qui tu passionnes dans la compétition ?

    C’est un peu bizarre… Dans la vie de tous les jours, je n’aime pas la compétition… C’est même contraire à mon mode de vie, surtout dans la musique.
    Savoir qui a la plus longue ne m’intéresse pas…
    Pourtant, la compétition à la pêche m’apporte beaucoup sur le plan humain…

    Partager des moments uniques avec les amis, voir des gens que tu ne vois que sur ce genre d’événements ou sur des salons et rencontrer des pêcheurs d’autres pays. Je dirai que c’est le côté le plus enrichissant.
    La compétition, c’est aussi un challenge et beaucoup d’organisation. Il faut penser à tout pour ne manquer de rien, même si tu sais que tu n’utiliseras au final qu’une ou deux cannes et une poignée de leurres. Il faut être ultra rigoureux et faire des sacrifices.

    Par exemple, pendant les derniers jours du préfishing de la Soner Euro Cup, nous n’avons pas ferré les poissons. Je peux te dire que c’est psychologiquement compliqué. Savoir qu’il y a un bass de 2, ou peut-être 3 kg, au bout de ton fil et de ne pas ferrer, ça a été une belle épreuve de self-control. Mais il a fallu le faire et s’y tenir. Ça a payé puisque nous avons terminé à la seconde place de cette prestigieuse compétition.

    Pour en revenir à notre équipe ; quand je pêche avec Matthias, il se passe un truc… une alchimie. Nous ne pêchons pas pareil, mais nous sommes ultra complémentaires, et ce, depuis notre rencontre. Je pense que je ne ferai pas de compétitions à l’étranger sans notre duo.

    Toi qui as eu donc l’occasion de beaucoup pêcher à l’étranger, quel est ton regard sur la gestion de la pêche en France ?

    C’est une question compliquée. On pourrait parler de longues heures de la gestion de la pêche en France.

    Très sincèrement, je pense que c’est une catastrophe. Comme l’a dit Tanguy dans son interview, il n’y a qu’à voir le discours du président de la fédération dans le dernier Fishing Club pour voir qu’il y a vraiment un problème.

    Ce n’est pas pour rien que de plus en plus de pêcheurs partent dans les pays voisins. Moi le premier, je l’avoue !

    Pourtant, nous avons de magnifiques lacs et de superbes rivières. C’est vraiment dommage d’avoir une gestion de notre patrimoine piscicole aussi mauvaise.

    Malgré ça, il y a de l’espoir… beaucoup d’AAPPMA et quelques fédérations se bougent vraiment pour faire évoluer les choses. Il y a aussi les associations comme Black Bass France ou B.A.S.S.

    Il y a également les actes de sociétés privées et des pêcheurs… Comme le projet Don’t Drop the bass, initié par Matthias. Christophe Hugues, Daniel Mestrot, et Matthias sont des artistes talentueux et ils vendent leurs œuvres pour une belle cause. Tout l’argent récolté est reversé en black-bass sur le lac sud de Biscarrosse.

    Encore un beau brochet pour Arnaud Rizzi Anderson
    Encore un beau brochet pour Arnaud Rizzi Anderson

    Je suis content que mes sponsors Abu Garcia et Berkley aient mis la main à la poche en suivant Matthias et en offrant un chèque de 6000 euros. Aux USA, les sociétés financent souvent des rempoissonnements et c’est une première en France. J’espère que beaucoup de marques suivront cet exemple! Et comme le dit Matthias à la fin de la vidéo : «on l’a fait ici, on peut le refaire partout ».

    Des projets futurs dont tu voudrais nous parler ?

    Oui, on verra comment évoluera la situation, mais j’aimerais partir au Brésil en Septembre prochain avec mon ami Etienne Fleurant afin de réaliser le rêve d’attraper des Peacocks bass.

    J’ai déjà capturé quelques petits spécimens en Floride, mais j’aimerais vraiment me faire un beau voyage de pêche au Brésil. Ce poisson fait vraiment rêver de par la violence de ses attaques et la puissance dont il fait preuve durant les combats.

    Arnaud Rizzi Anderson et une belle perche

    Une anecdote de pêche à nous raconter lors de tes nombreuses sessions ?

    C’est assez récent. Sans aucun doute, ma seconde place à la Soner Euro Cup avec Matthias. On a vécu une magnifique aventure avec Bastien et Mike Iaconelli.

    Nous avons eu la chance de passer plusieurs jours avec Ike (Mike Iaconelli) et c’était merveilleux. Il est complétement fou et à la fois attachant. Il est hyper abordable et a été top avec tout le monde.
    A aucun moment il te prend de haut, j’avais l’impression d’être avec un pote de pêche. Il aurait eu sa place sur le Défi Ouest Predators, et surtout pendant les soirées de la veille !

    Bastien a préfishé 14 jours le mois avant la compétition et Matthias 10. Je ne suis arrivé qu’à la fin, et comme je l’ai dit plus haut, le plus difficile a été de ne pas ferrer les poissons.

    Matthias et Bastien ont pris la décision de ne pas communiquer durant le préshing, puis de comparer nos infos une fois le lac fermé (du mardi au samedi matin, début de la compétition). Nous avons eu une « réunion » avec Ike le jeudi pour préparer notre stratégie, et en comparant nos points GPS, nous nous sommes rendus compte que nous n’avions quasiment rien en commun avec Bastien. Pas les mêmes zones de pêche, pas les mêmes profondeurs, pas les mêmes leurres… Bref, c’était vraiment le top !

    Arnaud Rizzi Anderson et Mike Iaconelli à la Soner Euro Cup
    Arnaud Rizzi Anderson et Mike Iaconelli à la Soner Euro Cup

    J’ai été impressionné par Ike à ce moment-là. Il a écouté, il a analysé, posé des questions… puis, il est allé préparer son matos. Plus tard, en regardant ses cannes et ses leurres, on avait l’impression qu’il pêchait là depuis des lustres… il avait tout pigé ! Sa capacité d’adaptation et de mise en pratique est incroyable.

    Et on aurait pu croire qu’il venait en vacances… Mais pas du tout.
    Le premier jour, nous sommes parties dans les derniers. Ike nous a rassurés en nous disant qu’il préférait partir en premier le second jour pour avoir plus de temps que les autres. Au bout de 2 heures, nous avions déjà le quota de 5 poissons. Nous avons capturé 15 bass dans la journée. J’ai eu pas mal de réussite en enchaînant les gros poissons. Nous étions euphoriques sur le bateau.

    Le soir du premier jour, Matthias et moi étions 3ème avec 9.420kg. Ike et Bastien seconds avec 9.660. Les premiers étaient une équipe polonaise redoutable et régulière chaque année ; les frères Tomasz. Ils scoraient à 10.120kg !! Des machines de guerre.

    Arnaud Rizzi Anderson, Mathias Lothy, Bastien et Ike en grands vainqueurs de la Soner Euro Cup
    Arnaud Rizzi Anderson, Mathias Lothy, Bastien et Ike en grands vainqueurs de la Soner Euro Cup

    Avant de me coucher, et je peux vous assurer que c’est difficile de trouver le sommeil pendant ce genre de compétition surtout quand on est dans le top 3, je reçois un sms de Ike m’encourageant… Le mec était ultra motivé !! Il voulait gagner !!

    Le second jour a été un peu plus compliqué… Nous rentrons notre premier keeper à 13h. Puis rapidement un petit quota. Matthias a été surpuissant… il a commencé à rentrer 2 ou 3 gros bass, puis sur une intuition, il me propose d’aller sur un spot très sollicité, en plein vent et surtout loin de nos zones de pêche. Banco ! Il nous a permis de changer plusieurs poissons et nous terminerons ce deuxième jour à 7.480kg.

    Arnaud Rizzi Anderson et Mathias Lothy à la Soner Euro Cup
    Arnaud Rizzi Anderson et Mathias Lothy à la Soner Euro Cup

    Pour la petite histoire, Matthias et moi avons eu chacun notre jour, moi le premier et lui le second. Mon plus gros bass du premier jour pesait 2.280kg… et le sien, le second jour, 2.280kg… C’était merveilleux ! (NB : notre zone de pêche se trouvait à 25 km de la mise à l’eau, ce n’était donc pas le même poisson)

    Au final, Bastien et Ike s’imposent, et nous finirons second avec 1.8kg d’avance sur le troisième !

    Arnaud Rizzi Anderson à la Soner Euro Cup
    Arnaud Rizzi Anderson à la Soner Euro Cup

    Au-delà de cette prestigieuse compétition, vivre ce genre d’expérience avec deux potes de longue date a été un magnifique moment. Et puis passer autant de temps avec Ike, ça a été génial. Ce mec est top ! Il nous a dit que ça a été très positif pour lui et qu’il avait passé une semaine géniale avec nous.
    On devrait se revoir cette année pour un voyage de pêche en Europe.

    Un message à faire passer aux jeunes qui souhaiteraient découvrir le monde de la pêche aujourd’hui ?

    Oui. Il faut que les jeunes s’accrochent à cette belle passion. De toujours respecter le poisson, et de partager un maximum de temps avec ses amis au bord de l’eau.

    Encore un joli bass pour Arnaud Rizzi Anderson
    Encore un joli bass pour Arnaud Rizzi Anderson

    Il ne faut pas hésiter à poser des questions, c’est comme ça que l’on progresse de jour en jour. De rester humble aussi et de toujours bien observer autour de soi.

    Liens utiles pour en savoir plus sur Arnaud Rizzi Anderson et la pêche en générale :

    Site d’Abu Garcia

    Débuter la pêche au leurre

    Apprendre à pêcher avec un guide de pêche

    Quelle canne à pêche choisir en fonction du leurre employé ?

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