Découvrez le portrait de David Vengerder, ancien journaliste sportif, grand passionné de pêche et fondateur du Fishing Club . David nous dévoile son parcours, la génèse du Fishing Club et sa vision de la pêche en France.
Hello et merci d’avoir pensé à moi!
J’ai 46 ans (bientôt) , marié, 2 enfants, et je viens du monde des médias, de la télévision plus précisément. J’ai été journaliste, rédacteur en chef et présentateur d’émissions de sport, pour le groupe Canal + notamment, sur l’Equipe aussi.
Il y a une grosse dizaine d’années, j’ai crée une société de communication et de production, et j’ai, parallèlement à mon métier de journaliste, produit beaucoup de contenus pour des grandes marques, principalement dans le domaine du sport ; Nike, Coca Cola, Lacoste… j’ai également travaillé en tant que producteur pour d’autres chaînes de télé, comme TF1 par ex.
Voila pour la partie Linkedin!
Mon père avait 2 passions, le foot et la pêche. Le samedi j’étais dans la voiture pour l’accompagner au foot, et le dimanche pareil, au moment d’aller à la pêche. Le programme c’était pêche au coup, mais il avait des cannes à vif et quelques cuillères, et rapidement j’ai été beaucoup plus attiré par ça.
Et puis un jour, pendant que mon père achetait ses vers de vase, chez le détaillant, je suis tombé sur les Mister Twister, et je crois que ma fascination pour les leurres a démarré là, coup de foudre chez un petit détaillant du 91!
Toutes les pêches aux leurres! Si j’avais le temps, j’adorerai apprendre la mouche, me perfectionner au toc… Mais bon, il me reste encore du boulot sur la pêche aux leurres, qui est déja vaste, évolutive, exigeante.
Je pêche plus le brochet et le bar que les autres espèces, mais c’est surtout situationnel. L’été je cherches les aspes, et la violence des attaques rend rapidement addict. Je pourrais vite devenir dingue du sandre, du black bass aussi je pense, et j’ose pas imaginer le nombre d’espèce en exo qui pourraient me retourner le cerveau! Donc non, pas de préférence!
Le concept est simple, connu et éprouvé depuis la nuit des temps en télévision, c’est un bon vieux talk show! Ce format est décliné à l’infini en TV sur le sport, la politique, l’actualité… Et sur la pêche il n’y avait rien. Après, franchement, avec Thomas Paulin (Le réalisateur de l’émission, qui s’occupe de la chaîne avec moi) on se demandait si les gens allaient adhérer à une émission de plus de 30 minutes, dans laquelle il n’y a aucune image de pêche et de poissons, et visiblement la réponse est OUI.
Ensuite, le principe de cette émission ne fonctionne que si les invités sont bons, pertinents. Un sujet moyen peut être en partie rattrapé avec de l’éloquence, de la truculence, des anecdotes… A l’inverse, un bon sujet peut générer des discussions tièdes et soporifiques avec des invités qui ne sont pas à leur place.
Hormis l’absence d’un format talk show dans l’univers de la pêche en France, on a fait un autre constat. La couverture médiatique de la pêche aux leurres en France est assurée par deux sources principales ; les médias classiques (presse écrite, TV) et les Youtubers.
Pour diverses raisons, l’audience des premiers s’est fragmentée ces dernières années. Les seconds en revanche sont très dynamiques, émergents, créatifs. Mais ils sont par définition hyper personnalisés, en tout cas ils se sont développés sur des personnes, plus que sur des concepts. Aucune des deux sources principales ne peut constituer une tribune récurrente à l’un des biens les plus précieux de notre secteur : nos experts, nos ambassadeurs, dont on peut quand même être extrêmement fiers!
La pêche aux leurres en France dispose d’une élite (même si je n’aime pas ce mot en règle générale), des garçons qui possèdent un bagage technique monumental, une connaissance des milieux et des poissons phénoménale, avec en plus pour certains des années de design et de développement de produits à leur actif…
Et plus, pour la plupart, ce sont des mecs qui ont des idées, et qui savent très bien les exprimer, bref des mecs intéressants! On avait très envie de créer le canal idéal pour libérer cette expertise, à un moment où la communication sur les réseaux sociaux brouille un peu les choses.
Sur la base de ces constats, je suis allé voir Yannick Cordier (Ultimate Fishing) et Christophe Soares (Navicom), pour leur soumettre mon idée et leur demander si ils voulaient m’aider à lancer cette chaîne. Ils ont été emballés, et grâce à eux, on a pu démarrer l’aventure. Ce sont vraiment les deux moteurs qui sont à l’origine du démarrage. Voila, tu sais tout sur la genèse du projet!
Ca me fait sincèrement plaisir que tu utilises le mot « incontournable » même si il est surement un peu exagéré, il y a pas mal de gens qui arrivent à contourner l’émission 🙂
C’est vrai qu’après seulement quelques mois (16 exactement) l’émission fédère une belle audience et dispose d’une notoriété importante. Et c’est vrai aussique les prolongements sur les autres réseaux sociaux sont assez dingues.
Pour les sujets, il y a un comité éditorial, je « pose » des choses sur la table, et c’est corrigé/amélioré/updaté en fonction des idées des uns et des autres. Tous les invités récurrents et les partenaires peuvent donner leurs avis, me soumettre des thèmes, et au final, je fais une synthèse entre ces préconisations et mes convictions. Mais tout cela va généralement assez vite, c’est très fluide!
J’aime pas la langue de bois, donc je vais être franc, même si c’est le seul sentiment négatif en 1 an et demi. L’émission sur le phénomène Ali Express a générée 3 jours pénibles, avec une haine totalement disportionnée dans certains commentaires.
Nous n’avons pas bien traité ce thème, moi le premier, et nous savions pourtant qu’il allait générer des réactions virulentes. Que l’on critique l’émission, et les propos qui y sont tenus, ça me va, c’est la règle. Mais il y doit y avoir une certaine mesure, qui a été dépassée très largement. On a reçu des insultes, des menaces, et les personnes les plus virulentes ne commentaient pas du tout l’émission!
Personnellement, je suis attaché au respect d’une manière générale. La personne qui gagne le SMIC mais veut rouler en Audi, en mettant toutes ses économies et en empruntant sur 15 ans, parce que c’est son plaisir, il ne faut pas la stigmatiser. Celui qui gagne très bien sa vie mais roule en Skoda, parce qu’il trouve que le prix des voitures est indécent, et bien c’est pareil, on doit respecter son approche. Et celui qui pense qu’il a trouvé des Audi 3 fois moins chère mais absolument identiques, et bien libre à lui de les acheter et de rouler avec.
Une marque qui vendrait ses produits à un prix totalement aberrant, déconnecté de la réalité, déposerait rapidement le bilan. Son offre ne rencontrerait pas de demande. Je pense que certains ont oublié ce paramètre. Il n’y a pas de voleur, pas de volé, juste un contrat, la rencontre de deux consentements libres et éclairés. Il faut respecter ça tout simplement, et celui qui a l’impression d’échapper à un vaste complot en achetant sur Ali Express, et bien c’est cool pour lui! Respect aussi.
Oui clairement le dénominateur commun c’est de s’appuyer sur les pêcheurs de référence en France, dans des formats qui nous semblent complémentaires, et qui viendront former à terme un vrai média digital dont les contours sont assez précis dans mon esprit. On est au début d’une aventure passionnante.
Deux grosses tendances sur la pêche en elle même, attention ce n’est que mon avis.
Premièrement, nous sommes extrêmement divisés. Malgré un poids économique considérable, on ne pèse rien en influence. Sinon les pêcheurs professionnels en eau douce n’existeraient plus, en tout cas sur les milieux qui ne peuvent pas le supporter.
Les rillettes de silure de Loire c’est une honte, sanitaire déja, mais aussi un camouflet pour nos instances. Certains combattent avec force et ingéniosité sur le terrain, mais ils devraient être puissamment appuyés avec des moyens, financiers et matériels, du lobbying.
On peut faire le même constat en mer, avec les carnages hivernaux sur les frayères de bar.
Deuxièmement, il y a une crise identitaire majeure du pêcheur français. Le processus de recrutement est prévu pour faire de lui un militant associatif, pour qui la prise d’un poisson est presque secondaire. La réalité montre que, dans l’immense majorité des cas, le pêcheur prend sa carte pour deux raisons : être en règle et pour attraper du poisson.
Si on admet ça, définitivement, et qu’on en tient compte pour prendre les bonnes mesures, on règle en partie le premier point (la division) et alors, peut être que l’avenir peut s’éclairer.
C’est surtout les sessions et les tournages avec certains des experts qui modifient un peu des approches. Tu regardes, tu apprends, tu essaies de reproduire, et parfois, tu y arrives!
On a un énorme projet qui a été reporté à cause de la crise sanitaire. Un format hyper ambitieux, en plusieurs épisodes, dont le premier devait se tourner fin avril… Ca sera LE gros truc de 2020.
Sinon, il y a 2 Waypoints en préparation, et quelques évolutions sur le talk show, qui entamera, si tout se passe bien, sa 3ème année en octobre prochain.
Il y en a déja plusieurs assez marquantes. La dernière date du début d’année. On devait tourner un Waypoint avec Arnaud Brière, sur des étangs secrets dans le 77.
On arrive, et la Marne qui longe les étangs est en crue totale, elle déborde et se déverse dans les étangs, qui deviennent marrons, l’eau monte vraiment, on est dans une fosse, on a pas envie d’annuler le tournage, mais on se demande si on ne va pas se retrouver avec les voitures sous l’eau.
Bref on discute dans l’urgence, et là derrière arnaud, dans un filet d’eau de 1 cm de profondeur, pendant qu’on discute, il y a un broc qui remonte pour passer d’un étang à l’autre, comme un saumon, et il se coince sous un grillage! On le décoince, on le remet à l’eau et du coup on a pris ça pour un signe, on a décidé d’aller tourner!
C’est finalement un orage terrible et un éclair (qui ne va pas tomber loin de la barque) qui vont nous obliger à abandonner…
Prenez le temps, faites votre apprentissage, passez le maximum de temps au bord de l’eau, et si vous êtes vraiment passionnés, les résultats arriveront forcément. La pêche est une discipline technique et exigeante.
Il n’y a pas de miracle, il faut faire ses gammes, comme un pianiste ou un joueur de tennis, pour maitriser sa technique, acquérir des bases et connaître un peu les milieux où l’on pêche.
Pour ceux qui seront appliqués et observateurs, il y aura des moments magiques à vivre!
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