Etienne Fleurant : pour la reconnaissance du black bass en France

Découvrez l’interview d’Etienne Fleurant, président de Black Bass France et fervent défenseur de cette espèce en France depuis des années. Etienne nous décrit son parcours, sa vision de la pêche et son amour pour le black-bass.

Etienne Fleurant Black Bass France

Bonjour Etienne. Pour celles et ceux qui ne te connaissent pas encore, pourrais-tu brièvement te présenter et nous raconter ton parcours ?

Salut Nico, salut à toutes et tous.

Et bien je m’appelle Etienne Fleurant. Après avoir pratiqué un peu toutes les pêches, cela fait plus ou moins 15ans que je ne fais quasiment plus que de la pêche aux leurres.

Je suis originaire d’une petite commune rurale du sud de la Vienne où j’ai débuté la pêche. D’abord au coup, puis à la recherche des carnassiers, en passant par la pêche de la carpe pour finalement me focaliser comme je te l’ai dit sur la pêche aux leurres. Cela a plus ou moins coïncidé avec mon arrivée en Gironde.

Mon métier concerne les matériaux composite (je travaille dans la construction navale). Et après un bref passage dans l’entreprise Garbolino, j’ai écrit mes premiers articles de pêche (pour Top Carpe et ensuite Predators). Echanges et rencontres faisant, j’ai au fil des années intégré le bureau de l’AAPPMA de Lacanau. J’ai collaboré avec Pure Fishing Europe et adhéré à Black Bass France dont je m’occupe depuis fin 2013.

D’où t’es venue cette passion pour la pêche ?

Sincèrement, je ne sais pas vraiment. Evidemment j’aime les milieux aquatiques, ses habitants mais je ne suis pas issu d’une famille de pêcheurs. J’ai eu la chance de pouvoir essayer beaucoup de sports et de loisirs mais la pêche reste le seul que je pratique encore. Pourquoi ?.. Pas d’explications.

Quelle est ta pêche de prédilection ?

Celle qui me rapporte de bons moments!
Je n’ai pas à proprement parlé de spécialité. Je n’excelle dans aucun type de pêche mais je sais à peu près tout faire. En revanche, il est certain que les pêches de surface ont quelque chose de particulier.

Etienne fleurant

Même si cela parait évident, aurais-tu un poisson préféré ?

Puis-je répondre autre chose que le black bass ?

Tu es très actif dans le milieu associatif et particulièrement chez Black BASS FRANCE depuis de nombreuses années, peux-tu nous en dire un peu plus sur cette association et ses objectifs ?

Black Bass France a été fondé en 1994 par Franck Rosmann, Claude Girardin et Marc Petrucci dans les buts et objectifs étaient les suivants :

  • Protéger les populations de black bass existantes
  • Favoriser l’expansion de l’espèce dans les milieux adaptés
  • Proposer des nouvelles méthodes de gestion du loisir pêche
  • Divulguer et vulgariser les techniques de pêche
  • Protéger la faune et la flore
Etienne Fleurant black-bass

Mais plutôt que d’évoquer le discours classique sur l’Association, je vais davantage aborder le rôle de Black Bass France dans le façonnage de la pêche sportive telle qu’on l’a connait aujourd’hui.

L’Association et ses membres ont été, il y a plus de 25 ans, les premiers représentants de la pêche sportive. Sans les moyens de communication coutumiers d’aujourd’hui, BBF a véritablement constitué une véritable « école » au travers notamment de son Bulletin de liaison et de ses Rencontres.

Bien évidemment, on y découvrait de nouvelles techniques, du nouveau matériel mais cela s’accompagnait d’une « éthique » et de la volonté de devenir acteur du loisir pêche.

Au fil des années, l’Association a gagné en nombre et ses membres se sont de plus en plus impliqués dans le paysage halieutique français. Et ce, que ce soit dans les marques ou les AAPPMA, ce qui donna encore une plus grande crédibilité auprès des instances.

Etienne Fleurant pêche

Tout cela a permis par exemple l’augmentation de la taille légale de capture du black bass de 23 à 30cm ou encore la participation à des regroupements nationaux et internationaux.

Pour résumer, Black Bass France a été un acteur principal dans le développement de la pêche sportive en France.

Qui y a-t-il de si particulier avec le black-bass qui mérite qu’on lui porte tant d’attention selon toi aujourd’hui ?

Aujourd’hui il est nécessaire d’apporter une attention particulière à toutes les espèces, à nos milieux. La différence c’est que le black bass n’a pas forcément bénéficié d’un traitement de faveur de par sa position d’espèce allochtone.

Aussi, après les introductions à la suite des conflits mondiaux et à la période où beaucoup de gestionnaires s’en sont servi pour limiter les populations de poissons chats, l’intérêt pour ce poisson a diminué et les populations ont suivies la même courbe. La démocratisation de la pêche sportive ces 20 dernières années l’a remis au devant de la scène. Il est désormais désigné comme le fer de lance de cette pratique nouvelle.

Mais on a rapidement constaté que les populations présentes n’étaient pas suffisantes pour supporter cet afflux de pratiquants.

black bass france

Aujourd’hui, peu de type de pêche peuvent s’enorgueillir d’une augmentation de pratiquants, comme c’est le cas de la pêche aux leurres. Du coup, il apparait nécessaire que le black bass, qui est le poisson recherché (impact de la globalisation aidant) soit au centre des discussions.

Que reste-il à faire selon toi pour faire évoluer le black-bass dans nos eaux ?

L’évolution du black bass en France ne doit pas se faire anarchiquement. Cela doit se restreindre aux milieux adaptés et lorsque l’impact sur les autres espèces présentes est évalué. C’est pour cela, que globalement, Black Bass France n’est que force de proposition. Ce sont ensuite les gestionnaires qui prennent les décisions appropriées.

Mais pour faire évoluer les populations, là où elles sont présentes et comme pour beaucoup d’espèces, il n’y a pas 36 solutions. S’il y a plus de morts que de naissances, la population diminue… Si c’est l’inverse, elle augmente !

Et cela passe, à mon sens par le renforcement d’une implication de terrain par les gestionnaires. Comme par exemple estimer, les populations et adapter le prélèvement en conséquence. Je vais t’évoquer un exemple. Il concerne le brochet, espèce jugée prioritaire par la FNPF, mais qui est assez révélateur.

Etienne Fleurant Black bass

Sur le lac de Lacanau, lorsque j’étais membre du bureau, la Fédération de Gironde estimait la population adulte de brochets à 10000 individus. A l’époque nous avions environ 1000 sociétaires. La pêche des carnassiers est ouverte 9 mois par an, soit 270 jours à quelque chose près. Le quota censé protéger l’espèce est de 2 poissons par jour et par pêcheur.

Alors je n’ai pas de compétences en matière de gestion des milieux mais il me parait assez déroutant que l’on permette le prélèvement de plus de 500000 poissons là où il y en que 10000 sur une espèce patrimoniale…

Clairement, la réglementation d’aujourd’hui permet l’extinction des espèces et cela droit dans les yeux.

Quelles sont tes plus grandes fiertés depuis la création de Black Bass France ?

De voir qu’au fil des années, le black bass passionne toujours plus. De rassembler des pratiquants de toute la France lors des Rencontres pour pêcher, échanger et partager cette passion commune dont Franck a allumé la flamme il y a plus de 25 ans et que Fred a entretenue.

black bass france

Quels sont les gros chantiers en vue pour cette année 2020 pour Black Bass France ?

L’année 2020 est je l’espère une année où plusieurs projets autour de la pêche sportive et celle du black bass verront le jour. Aussi, le rôle de l’Association est d’accompagner ces projets.

Car l’Association n’a pas les moyens, humains et financiers d’être porteur propre de projets. Car pour cela, il est nécessaire d’avoir des appuis locaux, de connaitre les milieux… En revanche, fournir toute la documentation nécessaire pour l’établissement d’un projet fait par exemple partie de notre activité.

C’est pour cela que comme Franck l’a fait avant, j’encourage chaque membre à s’investir localement dans une AAPPMA.

black bass france assemblée générale

Nous avons peiné à trouver des poissons pour la dernière période d’alevinage, cela prouve qu’il existe pas mal de projets autour de ce poisson…

On te voit également très actif au sein de France B.A.S.S Nation, pourrais-tu nous en dire un peu plus sur cette compétition et ses impacts sur notre territoire ?

On me voit lors des événements France B.A.S.S Nation mais je n’y joue pas un grand rôle. Plus généralement, j’essaie de me rendre disponible à chaque fois qu’une initiative en faveur du black bass est prise ou qu’un événement est organisé (comme le National Bass par exemple ou encore des fêtes de la pêche).

Globalement, au cours des années passées, la compétition a été le moyen le plus simple de rassembler gestionnaires et pratiquants. On peut ne pas trouver cela très opportun mais c’est ainsi. Aussi du Challenge Interdépartemental, au Défi en passant par l’AFCPL, toutes ces organisations ont réussi à regrouper les différents acteurs du loisir pêche.

black bass france inscription

A la différence de tous les autres circuits, France BASS Nation ne s’intéresse qu’à une seule espèce, le black bass. Et cela fait structurellement toute la différence. Car tout est tourné vers ce poisson.

Les américains l’ont compris depuis bien longtemps déjà. Pour développer un produit, il ne faut pas diluer l’information et les centres d’intérêts. C’est bénéfique pour les compétiteurs, pour la visibilité des sponsors et la communication.

Aujourd’hui, les sites ayant accueilli des épreuves bénéficient d’alevinages provenant des compétiteurs, des sponsors auxquels s’ajoutent les gestionnaires. Et cela semble profitable à tout le monde. J’espère simplement que d’autres sites viennent s’ajouter à ceux existants.

Une anecdote de pêche à nous raconter lors d’une session black-bass ?

Le black bass a cette capacité à adopter des comportements générateurs d’émotions. C’est pour cela qu’on le pêche. C’est pour cela qu’il est le poisson d’eau douce le plus recherché au monde. Du coup, chaque sortie est ponctuée de son lot de surprises.

Etienne Fleurant black-bass

Un message à faire passer aux jeunes qui souhaiteraient découvrir le monde de la pêche aujourd’hui ?

Houlà, je ne suis pas assez vieux pour parler comme un vieux sage…

La pêche peut être une mode, un loisir, une passion, un métier… A chacun de placer le curseur où bon lui semble. Quoi qu’il en soit, cela se passe et doit se passer au bord de l’eau avec la conscience que cette pratique, contrairement à beaucoup d’autres, interagit avec du vivant et dans des milieux à préserver.

Liens utiles en savoir plus sur Etienne Fleurant et Black Bass France :

Site de BBF

Débuter la pêche au leurre

Les 10 meilleurs types de leurre à black-bass

Apprendre à pêcher avec un guide de pêche

Quelle canne à pêche choisir en fonction du leurre employé ?